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Appel à contributions

Appel à contributions

ATTENTION CHANGEMENT DE DATE DU COLLOQUE : DU LUNDI 3 AU MARDI 4 NOVEMBRE 2025

Cet événement scientifique s’attache à identifier les apports et les limites des expériences sensibles dans la production de savoirs sur les espaces incertains, en s’appuyant, entre autres, sur les échanges entre arts et sciences. 

Ces espaces sont dits incertains car leurs caractéristiques matérielles, écologiques et paysagères sont relativement indéfinies et (ré)appropriables. Tant sur les plans de la propriété foncière que de leur affectation ou des usages et pratiques sociales, ces espaces possèdent des  contours peu formalisés. Ils résultent de processus non-planifiés, non-intentionnels (Gandy, 2016) : marges, friches, interstices, terrains vagues, délaissés, dans tous types de territoires (urbain, rural, métropolitain, protégé…). Les dimensions paysagères de ces espaces incertains les rattachent aux paysages ordinaires, ou, pour reprendre l’expression de Gilles Clément, au tiers paysage (2004) : ils sont “indécidés” et leur évolution est en partie l'œuvre de dynamiques non humaines, laissées à la nature. Si le terme de paysage leur est rarement attribué dans l’usage courant, ils sont aussi des lieux de pratiques, d’appropriations, de transgressions. Leur caractère incertain est une matrice ; il permet le déploiement d’appropriations humaines et non-humaines multiples et parfois inattendues.

Les difficultés pour saisir la complexité et les dynamiques de ces espaces invitent à renouveler les démarches et les outils et à mobiliser des approches sensibles et transdisciplinaires, notamment à l’intersection des champs scientifiques et artistiques. En englobant le sensoriel, le signifiant - le sens donné à ce qui est vécu - et le qualifiant - le sentiment, le rapport affectif que cela peut produire (Manola, 2020) -, le sensible constitue un entre-monde scientifique, artistique, opérationnel, pédagogique -pour interroger l’expérience ordinaire de lieux et d’espaces incertains.

 Les expériences sensibles contribuent à différentes modalités de formalisation des savoirs sur ces espaces. Elles participent en effet à l’élaboration d’outils, et de méthodes expérimentales (Di Bartolo & Bonin, 2024), par exemple grâce à l’hybridation de pratiques artistiques et scientifiques. Les expériences sensibles favorisent la formalisation inédite de récits  situés, en donnant à saisir des réalités peu visibles, invisibilisées ou conflictuelles. Si ce colloque entend contribuer aux dialogues arts-sciences, il s’agit aussi d’intégrer des approches profanes et ordinaires du sensible, permises, à titre d’exemple, par les approches paysagères (Luginbühl, 2007), de l’écologie sensorielle (Sordello, 2024), de l’écocritique (Posthumus, 2017 ; Breteau 2022) ou des pratiques écosomatiques (Clavel, Ginot & Bardet, 2019). Au croisement des humanités, des sciences sociales, du vivant, de la conception et des arts, ce colloque se donne pour objectif d’interroger les modalités de production des savoirs sur les espaces incertains, en suivant trois axes non limitatifs : 

  1. Les relations humains - non-humains dans les espaces incertains

  2. L’expérience sensible en tant qu’expérience collective des espaces incertains

  3. La production d’un récit critique sur les espaces incertains

Chaque contribution devra préciser son ancrage dans l’un des trois axes, y compris lorsqu’elle se positionne à la rencontre de plusieurs axes.


Axe 1 : Les relations humains – non-humains dans les espaces incertains

À la fois habitats pour une diversité d’espèces et espaces de vie pour différents groupes sociaux, les espaces incertains sont des lieux hétérogènes et hybrides (Gandy, 2013), où se croisent dynamiques écologiques et sociales. Ils sont souvent marqués par une importante diversité végétale et animale et ils constituent des milieux en constante évolution (Bonthoux et al., 2014 ; Muratet et al., 2021). Cependant, leur statut temporaire et le caractère informel qui les caractérise en font des supports de projets pour certains acteurs des territoires, ce qui pose la question des effets sur les relations tissées avec l’écologie des lieux. Dans des contextes où préservation des écosystèmes, préservation du patrimoine et développement urbain et économique entrent souvent en tension, en quoi ces espaces indéterminés matérialisent-ils des relations singulières, d’interdépendances entre vivants humains et non-humains ? En quoi l’expérience sensible de ces espaces incertains participe-t-elle à des formes de médiance (Berque, 2000) ou de l’expérience de nouveaux liens écologiques et sociaux ?


Axe 2 : Faire l’expérience collective des espaces incertains

Les espaces incertains présentent une multiplicité de formes et de dynamiques (sociales, urbanistiques, écologiques, paysagères…) qui contribue à la difficulté de les définir. Les expériences collectives, dont l’arpentage (Careri, 2020) ou encore les performances in situ, permettent à différent·es acteurs·rices de croiser leurs regards, voire d’en construire un partagé, pour favoriser une saisie et une production plurielle des lieux. Ainsi, le réseau de recherche Inter-friches met en place des ateliers interdisciplinaires et internationaux depuis 2019 pour créer des perspectives croisées entre chercheur·euses et pour favoriser une pensée plurielle (Rochard et al., 2021). L’approche expérientielle et collective de ces espaces y est appréhendée comme une opportunité de rencontre. Ce partage de l’expérience sensible est-il l’occasion d’un abaissement des frontières sectorielles et disciplinaires pour hybrider des pratiques, des savoirs et tester de nouvelles hypothèses ? En quoi et comment les croisements entre perspectives scientifiques et artistiques enrichissent-ils ces expériences sensibles ? 


Axe 3 : Produire un récit critique sur les espaces incertains

Les espaces incertains, dans le contexte compétitif de l’aménagement et, plus largement, de la production néolibérale des espaces, peuvent révéler des formes de conflictualité entre les acteurs, des logiques de relégation socio-spatiale et aboutir à la production de nouvelles marges (Vallet, 2022 ; Babou, 2023). Dans les processus d’urbanisation et de métropolisation, ces espaces alertent et ouvrent le débat sur les enjeux sociaux et politiques de la production et de normalisation de la ville, notamment à travers leur matérialisation dans les paysages (Davodeau, 2023; Mattoug, 2021). Des préfigurations dites “participatives” contribuent à développer des scenarii alternatifs pour les territoires (Berger, 2014). La question des temporalités de ces espaces vient révéler les rapports de pouvoir et des formes de précarité. S’ils témoignent de l’histoire du territoire du point de vue des mémoires collectives, des pratiques sociales héritées, ils sont également des enjeux d’aménagement. Appréhender et enquêter sur les espaces incertains de façon sensible peut contribuer au développement de nouveaux récits sur les conséquences écologiques et sociales de la transformation des territoires et la mise au jour de nouvelles vulnérabilités sociales et écologiques. Dans cette perspective, quelles traces collecter et rapporter ? Et quelles formes leur donner pour leur conférer un pouvoir transformateur sur les rapports de pouvoir en place ? Enfin, en quoi l’hybridation de pratiques scientifiques et sensibles permet-elle d’interroger les devenirs possibles des espaces incertains, en créant, par exemple, des scénarios alternatifs ? Comment mettre en récit des expériences à la fois individuelles et collectives, et sous quelles formes exposer les effets des mutations propres à ces espaces incertains ?


Modalités de contribution

Tous les formats (contribution orale, poster, exposition, performance, diffusion sonore, vidéo…) sont les bienvenus en réponse à cet appel. Un résumé de 4000 signes maximum (espaces compris, bibliographie non comprise) devra indiquer le questionnement, le format envisagé et l’inscription dans l’un ou l’autre axe. Pour les contributions comportant une composante non-textuelle ou artistique, il est possible de joindre des liens vers des documents en ligne ou une pièce-jointe en pdf. Merci de préciser les besoins spécifiques (matériels, techniques) de chaque contribution au moment de répondre à l’appel.


Valorisation

Au-delà de la tenue du colloque les lundi 3 et mardi 4 novembre 2025, l’objectif de cet événement scientifique est de mener à la réalisation d’un ouvrage collectif à paraître en 2026. Les contributeurs et contributrices intéressées par la publication sont invitées à le préciser dans le résumé ainsi que les supports ou les formats (chapitre écrit, écriture créative, série photographique, montages, dessins, etc.) envisagés. La mise en place d’une plateforme numérique permettant la diffusion des contenus non éditables en ouvrage est également envisagée.

Un arpentage collectif d’un espace incertain clermontois permettra de faire du colloque, le temps d’une expérience sensible partagée. La valorisation de la rencontre sera élaborée de manière collaborative grâce à un temps de travail pendant le colloque portant sur les formes de valorisation et les premiers choix éditoriaux.


 📅 NOUVELLE DATE DE LIMITE D'ENVOI DES DOSSIERS : 11 juillet 2025

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